La crise financière par Christian Lasvigne

Publié le par Site du Mouvement Démocrate de l'Aube

La crise financière qui couvait et s’est vraiment dévoilée avec la faillite retentissante de la banque américaine Lehman Brothers le quinze septembre, va avoir des conséquences tellement graves sur les équilibres économiques dans notre pays que l’on doit envisager de fortes secousses sociales, voir politiques.

Le président de la république joue habilement de ses talents d’homme de robe et accuse , à juste titre, ses amis d’hier d’être responsables des faillites en cascades. Il a probablement oublié que, lorsqu’il était ministre de l’économie, il avait incité les banquiers à développer les prêts hypothécaires. Ces techniques financières favorisant le surendettement des ménages défavorisés ont pour but de maintenir le pouvoir d’achat des salariés pauvres pour maintenir la croissance par la consommation, à défaut d’une croissance durable et innovante.

Notre président, salué par G.W.Bush, le président le plus honni des USA depuis des décennies, comme étant le premier président français à être l’ami des américains, semble ne plus trouver normal que les actionnaires des grandes et moyennes entreprises, souvent financiers ou fonds de pension d’outre-atlantique, exigent une rentabilité à court terme de l’ordre de quinze pour cent l’an.

C’est cette exigence de rentabilité immédiate qui a tant détruit notre tissu industriel et rend tant de travailleurs de toutes branches stressés par des chefaillons formés au management à l’américaine,  pressant les salariés tant qu’il en sort du jus et jetant à la rue les écorces épuisées.

Qu’ont trouvé nos dirigeants pour enrayer cette crise : les états vont se porter garants des prêts que les banques vont pouvoir s’octroyer mutuellement et l’état français créée un fonds de garantie à cet effet ainsi que pour renflouer une éventuelle faillite « systémique » de banque, c'est-à-dire qui risquerai d’entraîner les autres. Pour cela, l’état va emprunter lui-même quarante milliards d’euros, accroissant d’autant la dette pesant déjà si lourd sur nos revenus et notre capacité à investir.

Il n’y a pas de garantie que cet argent soit récupéré par la suite tout simplement parce que la réussite de ce plan est loin d’être certaine…Comme a dit un sénateur pourtant UMP : « Nous allons payer deux fois ; comme cautions et comme clients obligés des banques ».

Quant aux scandaleux parachutes en or des dirigeants d’entreprises, bancaires ou autres, nous n’avons pas de souci à nous faire puisque la patronne du MEDEF s’en occupe personnellement…il n’y a plus  qu’à amnistier les fraudeurs qui voudront bien rapatrier leurs placements des paradis fiscaux et nous pourrons prétendre au prix Nobel de la moralité !

La France était, de plus, en triste état avant cette crise, avec un chômage qui avait augmenté de 41000 personnes en août et des perspectives de croissance estimées par tous les observateurs, bien inférieures aux ridicules prévisions gouvernementales. La récession est là et il est trop facile de prétendre qu’elle n’est due qu’à la crise.

Nous avons voté pour un président qui avait pourtant affiché clairement son amour de l’argent et de ceux qui réussissent par n’importe quel moyen et aiment étaler leur fortune sous les yeux vides et innombrables de la misère humaine. Pourquoi alors s’étonner du bouclier fiscal qui permet aux plus riches d’être encore plus riches en se foutant éperdument des besoins élémentaires de milliards d’êtres humains et chez nous du financement du Revenu Social d’Insertion.

La réponse des chefs d’états européens peut être considérée comme positive dans la mesure où elle permet de coordonner des actions qui restent malgré tout nationales. Mais pouvons nous avoir confiance dans les mêmes personnes qui nous ont menées là ou nous sommes et pire encore, là où nous allons, pour modifier suffisamment les règles du fonctionnement de la finance internationale.

La gravité de cette crise et l’incapacité gouvernementale à créer les conditions d’un rebond crédible vont forcément radicaliser les prises de position politiques, en particulier à gauche, d’autant que tout le monde, à gauche comme à droite, est plus ou moins tombé dans le piège du mirage de l’argent se reproduisant tout seul. Une poussée révolutionnaire risque donc de se produire.

Le salut ne peut venir de solutions extrêmes. L’histoire nous a montré que les révolutions, outre leur caractère barbare, entraînent à plus ou moins longue échéance une vive réaction contraire annulant tout progrès. Seules les modifications sur les structures stables, les invariances, d’un système peuvent entraîner une évolution positive car respectant les acquis positifs du système toujours complexe et nécessairement fragile.

Il faut que se fassent entendre les voix de ceux qui veulent faire évoluer la société dans le sens de l’humanisme incluant l’harmonie avec notre environnement. Ces voix viendront de partout, des socialistes, des écologistes, mais aussi de la droite modérée et, je l’espère, du centre combatif représenté par le Mouvement Démocrate dont le président a fortement critiqué la folle immoralité des  pratiques financières et dénoncé la dérive irresponsable de l’endettement de l’état pendant la dernière campagne présidentielle.

Christian Lasvigne
Vice président du Modem Aube

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R
<br /> Merci pour cette analyse particulièrement éclairante. Il reste à définir la communication politique et les mesures concrètes à proposer pour rassembler les citoyens responsables.<br /> <br /> <br />
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S
François Bayrou a été très clair lors de la conférence nationale du 26 octobre, le projet que nous défendons et portons est un projet humaniste où l'homme est au centre des préoccupations. Son discours a été très fort, les échanges avec la salle et la qualité des intervenants très appréciés.<br /> C'est pour cela que nous sommes contre le travail le dimanche, parceque, comme l'a justement dit F Bayrou, il faut dans la semaine " une jour pour être et pas pour avoir".
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