Le JDD - Bayrou: "Moi, je résiste"

Publié le par Soutien citoyen au Mouvement Démocrate

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Par Virginie LE GUAY
Le Journal du Dimanche


>> Moqué, lâché par d'anciens fidèles, François Bayrou garde la tête froide et ne déroge pas de sa ligne de conduite. Opposant sans concession à Nicolas Sarkozy, le président du Modem demeure, aux yeux des Français (voir notre sondage), un présidentiable crédible. Le centriste savoure tout en menant une campagne âpre pour les municipales à Pau.


Quatre jours après la visite "provocante" de Nicolas Sarkozy, venu apporter son soutien à son rival, le président du MoDem reprend, paradoxalement, espoir. "C'est contre-productif. Le déplacement du chef de l'Etat, à Pau, a quelque chose de ridicule. De surdimensionné. De Gaulle ne s'entendait pas avec Mendès, mais n'allait pas se mêler des municipales de Louviers. Ce n'était pas de son niveau". De Gaulle... François Bayrou aime beaucoup, par les temps qui courent, faire référence au Général, lui aussi "trahi", "abandonné", "ignoré" et dont le "chemin" a été marqué par de "grands moments de solitude".

"Il a décidé de me tuer. Qu'il essaie"

"C'est le lot de tous les leaders", relève l'ex-troisième homme de la présidentielle qui se mord la langue pour ne pas dire "grands" et qui évoque, dans la foulée, François Mitterrand envers lequel il ne cache pas une certaine admiration. La défaite? Le président du MoDem n'y pense pas. "Je me lance dans chaque combat avec l'idée de le gagner. Je laisse le risque à sa place." Convaincu que sa posture d'opposant à Sarkozy est la bonne, il ne cède pas un pouce de terrain: "Tout le monde se courbe, se plie, fait risette. Moi je lui résiste. Il n'est pas habitué. Il a décidé de me tuer. Qu'il essaie", lance-t-il, bravache, en dénonçant, pêle-mêle, la "conception hollywoodienne du pouvoir", "l'amour de l'argent" et "l'étalage sentimental puéril" du locataire de l'Elysée.

Des attaques qu'il profère depuis un bon bout de temps maintenant ("J'ai la cohérence de mon côté") et qui commencent à rencontrer un écho certain dans l'opinion publique. Ce qui ne l'étonne pas. "Les Français ne sont pas fous. Ils ont tous leur règle de vie. Ils savent que divorcer fait mal, qu'on ne repart pas comme ça, d'un coup de baguette magique, dans une nouvelle vie. Que tout ne vaut pas tout."

Persuadé que, s'il a perdu dans les urnes en mai dernier (18,57%), il a "gagné la bataille dans les esprits", François Bayrou n'est pas pressé: "Le moteur Sarko n'a pas besoin de moi pour tomber en panne." Tout à sa campagne électorale qu'il veut locale et loin des caméras ("je n'ai pas besoin d'une horde de photographes pour faire du porte-à-porte et les cages d'escalier"), le président du MoDem espère devenir, après André Labarrère qui régna sur la ville de 1971 à 2006, la nouvelle "grande histoire d'amour" des Palois. "Comment voulez-vous qu'ils s'y retrouvent avec toutes ces listes d'ouverture abracadabrantes! Leurs repères sont brouillés. Contrairement à ce qui se dit, ce n'est pas sur ma liste que la confusion règne."

Avec le même aplomb, François Bayrou défend la ligne observée par son parti à l'occasion de ces élections. "Le MoDem présente des listes autonomes dans 70% des cas. Ailleurs, il soutient celui qui lui paraît être le meilleur candidat. Quelle que soit l'étiquette. Une élection municipale se fait, avant tout, sur des critères locaux." Ainsi Alain Juppé (UMP) à Bordeaux, François Rebsamen (PS) à Dijon, Xavier Darcos (UMP) à Périgueux, René Vandierendonck (PS) à Roubaix ou Hélène Mandroux (PS) à Montpellier, pour ne citer que les villes les plus "emblématiques".

Il mise sur "l'inévitable déception" des Français

A Lyon, malgré les pressions insistances, voire menaçantes, de Dominique Perben (UMP), le MoDem maintiendra, "coûte que coûte" une liste autonome avec le candidat déjà investi, Christophe Geourjon. Tout comme à Aix-en-Provence avec François-Xavier de Peretti, à Rennes avec Caroline Ollivro, ou à Metz avec Nathalie Griesbeck, député européenne. Et, bien sûr, à Paris avec Marielle de Sarnez qui plafonne toujours à 7% d'intentions de vote. Des accords entre les deux tours sont programmés. Ils se feront "au cas par cas". Sans a priori. "Nos candidats ne sont plus dans la culture de l'assujettissement ou du désistement systématique pour le candidat de droite. Cette période-là est révolue", prévient Bayrou. Ainsi, à Paris, et même s'il n'est surtout pas temps de le dire, un accord avec Bertrand Delanoë se profile. Dans l'entourage de Bayrou, on juge, en effet, le débauchage par l'UMP de Jean-Marie Cavada, aujourd'hui "candidat Panafieu" dans le 12e arrondissement, "parfaitement inacceptable". "C'est une véritable déclaration de guerre."

Signe des temps, le lâchage de Cavada, qui avait pourtant résisté jusqu'ici aux sirènes du sarkozysme, ne fait plus bondir François Bayrou qui en a vu d'autres. "J'ai fait table rase du passé. Peau neuve. Le MoDem n'a peut-être plus d'élus, mais il aligne les militants (65 000) et des talents nouveaux qui, demain, irrigueront la vie politique française. J'ai investi plus de 400 nouvelles têtes de liste pour ces municipales. Rien que du sang neuf."

A distance volontaire du "système Sarko" dont il réprouve "presque tout", François Bayrou observe, avec scepticisme, les tentatives des personnalités de gauche entrées dans le gouvernement Fillon pour faire bouger les choses de l'intérieur. "Certaines sont de bonne foi quand elles disent pouvoir influencer le cours des choses. Je n'y crois pas une seconde. C'est comme se cogner la tête sur une porte fermée." Parce qu'il mise sur "l'inévitable déception" des Français vis-à-vis de Sarkozy ("Je sens une colère rentrée") et sur les divisions béantes ("de forme et de fond") du PS, Bayrou travaille patiemment à construire un "parti de reconstructeurs et de rénovateurs". Une maille à l'envers, une maille à l'endroit. "Où est passé le modèle républicain français? Il faut repartir aux sources". Un discours qu'il tiendra sans désemparer le 10 février prochain lors de la convention municipale que le MoDem organise à Paris et au cours de laquelle sera adoptée une charte municipale à l'intention de tous les candidats "maison".

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